L’alcali et l’eau dans le savon

Bien que les circonstances précises de sa découverte ne soient pas très claires et liées même à de nombreux mythes et légendes, un mélange composé de cendre de bois et de suif mena à la formation des premiers savons, une substance pâteuse et gluante résultant de la réaction d’un corps gras avec un alcali.

Provenant du nom arabe « Al kali » qui signifie cendres de plantes à soude, il désigne aujourd’hui une substance chimique alcaline ou basique composée d’oxygène et de métal qui en se dissolvant dans l’eau libère un ion hydroxyle – OH , dont le pH est supérieur à 7 et dont la mise en solution porte le nom générique de « lessive », hérité du lessivage des cendres de bois permettant de récupérer la potasse.

Avant dissolution, ils peuvent se présenter sous forme solide ou gazeuse. Ils se différencient également par leur potentiel d’ionisation et seront dits soit forts comme c’est la cas pour l’hydroxyde de sodium (NaOH, soude caustique), l’hydroxyde de potassium (KOH, potasse caustique) ou encore l’hydroxyde de magnésium (Mg(OH)2 – lait de magnésie et ce, malgré que sa très faible solubilité en limite l’augmentation de pH), soit faibles comme le carbonate de sodium (Na2CO3 – cristaux de soude) ou le carbonate de potassium (K2CO3 – sel de tartre), qui ne sont rien d’autres que les alcalis issus des cendres des divers végétaux utilisés jadis pour la fabrication du savon, un mélange de soude et/ou de potasse combiné à l’acide carbonique…

Ingrédients indispensables à la fabrication de savons, la maîtrise du procédé d’obtention tant de la soude que de la potasse caustique a ouvert de nouveaux horizons pour en arriver à l’obtention des savons que nous connaissons aujourd’hui. Le choix de l’alcali utilisé a toute son importance car il en détermine la texture. Voyons cela en détail…

Communément appelé « soude caustique », l’hydroxyde de sodium (NaOH) permet d’obtenir des savons durs ou en barres. Il peut se présenter sous forme de perles (souvent sous la dénomination de déboucheur ou décapant) ou dilué dans de l’eau, on parlera alors de lessive de soude prête à l’emploi. Jugé plus simple d’utilisation pour débuter, il est important d’en connaître la concentration et il faudra également s’assurer de sa pureté car il peut parfois être associé à de l’ammoniac ou encore à de l’acide sulfurique.

Ne pas confondre l’hydroxyde de sodium avec le bicarbonate de soude (hydrogénocarbonate de sodium – NaHCO3) ou encore les cristaux de soude (carbonate de sodium – Na2CO3). Le net est certes une excellente source d’information mais les erreurs de dénomination sont fréquentes et peuvent être fort préjudiciables!…

Hydroxyde de sodium (NaOH) ou soude caustique

L’hydroxyde de potassium (KOH) ou potasse caustique quant à lui donnera des savons mous comme par exemple le savon noir des pays du Maghreb ou du savon liquide après dissolution de la base obtenue. Il se présente sous forme d’écailles blanches.

Hydroxyde de potassium (KOH) ou potasse caustique

Petite note d’une importance capitale concernant l’indice de pureté des alcalis… Alors que pour l’hydroxyde de sodium, il est en général de 99%, il n’en est pas de même pour l’hydroxyde de potassium. La plupart du temps, il se situe au environ de 90-92%. Il est impératif d’en tenir compte lors de l’élaboration de votre formulation car cela aura une influence sur la quantité d’alcali nécessaire à la saponification.

A ne pas oublier non plus que l’indice de saponification d’un même corps gras est différente en fonction de l’alcali utilisé et est notifiée par SAP KOH ou SAP NaOH. Le poids moléculaire plus élevé de l’hydroxyde de potassium (56,11g/mole versus 39,997g/mole pour l’hydroxyde de sodium), justifie qu’il en faudra plus pour saponifier la même quantité de corps gras (voir: « Calcul de la soude » et « Les calculateurs de saponification »).

L’un et l’autre, très corrosif sont à manipuler avec la plus grande prudence. Avant de vous lancer, je vous conseille vivement d’intégrer ses précautions d’emploi disponibles sous « Consignes et équipement de sécurité ».

Sachez enfin qu’il est également possible d’utiliser une lessive à double alcalis. Ces formulations permettent d’obtenir une texture plus crémeuse comme par exemple un savon crème ou encore un savon de rasage. Même si elles sont moins courantes dans la fabrication des savons solides, Anne Watson, dans son livre « Castille Soapmaking » recommande un mélange de 5% de KOH et de 95% de NaOH pour la fabrication d’un savon 100% olive, ce qui a pour but d’en augmenter la solubilité et d’en réduire l’aspect gélatineux et filandreux…

Et l’eau dans tout cela?… Bien que n’intervenant pas dans la réaction de saponification, elle sera nécessaire à la dissolution préalable de l’alcali. Elle a pour rôle de « préparer le terrain » en permettant d’une part l’ionisation de l’hydroxyde de sodium (soude caustique – NaOH) en ions hydroxyde et ions sodium ou de l’hydroxyde de potassium (potasse caustique – KOH) en ions hydroxyde et ions potassium et d’autre part, la décomposition des triglycérides en acides gras et glycérol sans quoi la réaction ne pourrait avoir lieu (Susan Miller Cavitch: « The Soapmaker’s Companion »).

On pourrait imaginer faire du savon avec de l’eau du robinet mais les nombreux contaminants contenus dans l’eau de distribution tels que les ions calcium et les ions métalliques peuvent l’affecter en provoquant une accélération de la trace, son rancissement précoce ou encore une réduction de ses performances (voir article: « Un remède à l’écume de savon » ). C’est pour cela qu’il est fortement recommandé d’utilisé de l’eau déminéralisée ou distillée qui ne contient rien d’autre que de l’eau.

Pour terminer, sachez que la quantité de liquide nécessaire devra être adaptée au type de savon que vous voulez réaliser mais nous y reviendrons en temps voulu.

En attendant de vous retrouvez, bullez bien… Soyez prudents et prenez soin de vous…

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