C’est un peu comme par magie que les liquides deviennent solides, que la soude et les huiles disparaissent pour donner naissance à la molécule de savon. Cette transformation lente appelée saponification est probablement l’une des plus anciennes réactions chimiques connues et maîtrisées par l’humanité. Depuis longtemps, essentiel à l’hygiène du corps, le savon a été et est utilisé par de nombreux peuples à travers le monde.
Il est impossible de fixer avec précision la date de naissance du savon. Entre 4500 et 3500 avant J-C, en Mésopotamie, les Sumériens fabriquaient une pâte savonneuse à base de graisse animale et de carbonate de potassium. Il était alors utilisé comme remède contre les maladies de la peau et non pour la toilette quotidienne. Il y a environ 3000 ans, en Syrie, un savon proche du savon d’Alep que nous connaissons aujourd’hui existait déjà. Elaboré à base d’huile d’olive, de soude végétale et d’huile de baies de laurier, il serait ainsi l’ancêtre de l’ensemble des savons durs au monde. C’est sous l’influence des Arabes que l’industrie du savon s’étendit sur les côtes méditerranéennes en Espagne, en Italie et surtout à Marseille à partir du VIIème siècle.
Depuis sa création, la composition du savon n’a cessé d’évoluer. Les graisses végétales ont peu à peu remplacé les graisses animales. Fin du XVIIIème siècle, la découverte du procédé permettant d’obtenir la soude caustique à partir de sel d’eau de mer par le chimiste français Nicolas Leblanc en a révolutionné sa fabrication. En 1823, Michel-Eugène Chevreul, un autre chimiste français, est à l’origine de la théorie de la saponification.
Lors de la deuxième guerre mondiale, la glycérine étant nécessaire à la fabrication de la nitroglycérine, les matières grasses furent rationnées. Les fabricants de savon ainsi privés de leurs matières premières se sont alors tournés vers les chimistes pour le développement d’un équivalent synthétique qui les a par ailleurs conquis… Depuis les années 1950, huiles minérales (déchets de traitement du pétrole, bien plus rentable pour les industriels du secteur), EDTA (agents chélatants controversés), parfums synthétiques, parabens (conservateurs) et bien d’autres encore entrent dans leur composition. Que dire de l’impact écologique engendré par leur fabrication, la pollution des eaux usées et de leur innocuité…
Si ces quelques considérations ont éveillé votre curiosité et vous ont donné l’envie de fabriquer vos savons maison, les pages qui suivent apporteront des éléments de réponses aux questions de base et vous guideront pour l’élaboration de formulations équilibrées, à la mousse généreuse, qui embaumeront votre salle de bain et qui plus est, vous nettoieront en douceur tout en préservant la planète !
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